An n’rît pus

Auteur :

Roger Moreaux (1924 – 2017 Sainte-Marie-sur-Semois)

source : Publivire  / photo : calendrier de l’académie des patois gaumais / traduction : JM Hansen

An n’rît pus
C’est bin counu !
Mu dèrinv’ bin pouquoi ?
… I fârè bon d’mé
S’i fout mauvais èchoi…
C’est simp’ du fâre in bé mujé.
An z’ô dèr des cent côps;
I s’amusint mieu dès l’tès,
La preuve : gn’a n’avout des cafès !
Aneû an n’arète mi d’couri
An n’est m’ pou ça pus avanci !
A djou coûtchant, folout s’mète a l’arêt
Rloyi l’tchivau, pôsèr la hatche, r’leumèr l’quinquèt.
Aneû, an n’voit m’vunu la neût;
El tracteur tône co après mîneût.
An n’è pus d’vèye,
An n’é pus l’tès d’causèy
Pourtant an z’è bin moins d’mau
Avu t’moderne, dès l’mènadge, aus travaus !
Est c’ qü pus sèrieux an dvanrout
Ou … c’est-la course aus sous ?
An sourîrout djè
Qü ça srout in progrès!
I faurout r’prenre lu tès d’viqui;
Dju s’râ binâje si in djou vus m’dijez
Dj’â rî ! ! !

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On ne rit plus !

On ne rit plus
C’est bien connu !
Me diriez-vous bien pourquoi?
… Faisait-il mauvais hier ?
Il fera bon demain …
C’est facile de faire bonne figure.
Par cent fois on entend dire :
“Ils s’amusaient mieux dans le temps,
La preuve : il y en avait des cafés !”
Aujourd’hui, on n’arrête pas de courir
Est-on pour ça plus avancé !
Au coucher du jour, il fallait s’arrêter,
Attacher le cheval, poser la hache, allumer le quinquet.
Aujourd’hui, on ne voit pas venir la nuit;
Le tracteur tourne encore après minuit.
On n’a plus de veillée,
On n’a plus le temps de parler.
Pourtant on a bien moins de mal
Grâce aux technologies dans le ménage ou aux travaux !
Deviendrait-on plus sérieux
Ou… est-ce la course aux sous ?
Sourirait-on déjà
Que ça serait un progrès !
Il faudrait reprendre le temps de vivre.
Je serai heureux si un jour vous me dites :
“J’ai ri  ! ! !”

Version parue dans le publivire du 13/06/2019
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