Les Brouyus

Auteur

Ernest SCHOEREN (1893-1946 Virton)

Lès brouyus, mès-amis, les brouyus
En’ datant m’ ni d’èchoi ni d’anû
Da tout l’payi gaumais
Pou anonci l’tchap’lèt
Lès-afants d’moins d’quinz’ans
S’an-allant a bayant
Au preumî côp, au preumî côp, au preumî côp

C’èst toudjou avant Pâques qu’i sortant
Lès-afants, lès p’tits coume lès grands
Don matin à la nû
I broyant pou dès ûs
Jamâ i n’s’èchamp’lant
A s’tchédgeant i tchantant
Au deuxièm’ côp (ter)

Èl’djûdi saint pa bandes on lès-ouye
Annonçant què lès clotches sant vouyes
Quand-èlles rèvanrant d’Roume
Dj’an-arans pou ‘n’ boune soume
N’arêtan m’ dè broyi
Èl djudi, co l’venrdi
Au troisème côps (ter)

Èl’ sam’di t’au matin lès afants
S’an-allant tourtous t’a quètant
« Mès amis, dj’n’ans pon d’pouyes »
Qu’an rèpond’ aux arsouyes
Mâ on baye dès roudg’ ûs
À çoux qu’an dès brouyûs
Au dârni côp (ter)

Traduction

Les “Brouyus”

Les “Brouyus” ce sont les enfants qui passaient dans les villages sonnant des crécelles à partir du Jeudi saint pour annoncer annoncer l’Angélus et les offices. On gardera le terme patois dans la traduction car “sonneurs ou joueurs de crécelle”, c’est un peu long tandis que “crécelleurs”, ça n’existe dans aucun langage connu.

Les “brouyus”, mes amis les “brouyus”
Ne datent ni d’aujourd’hui, ni d’hier
Dans tout le pays gaumais
Pour annoncer le chapelet
Les enfants de moins de quinze ans
Déambulent en braillant
La première fois…

C’est toujours avant Pâques qu’ils paraissent,
Les enfants, les petits comme les grands
Du matin jusqu’au soir
Pour des oeufs, ils tournent leurs crécelles
Jamais ils ne se séparent
À tour de rôle ils chantent
La deuxième fois…

Le jeudi saint par groupes on les entend
Annonçant que les cloches nous ont quittés
Quand elles reviendront de Rome
Nous en aurons pour une bonne somme
Continuons à sonner
Le jeudi, aussi le vendredi
La troisième fois…

Le samedi tôt le matin les enfants
Passent tous en quêtant
“Mes amis, nous n’avons pas de poule”
Répond-on aux galopins
Mais on donne des oeufs teints
À ceux qui ont des crécelles
La dernière fois…

Version parue dans le publivire du 20/04/2022
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