Boune èt heûreûse

sources : texte patois : Publivire / photo : calendrier 2011 de l’Académie des patois gaumais

Auteur

Marcel Moreaux (1893 – 1960 Sainte-Marie-sur-Semois)

Co eune du pu. Co eune du moins
Coume l’ow su la rue du moulin
Nos d’jous coulant s’ la boule du la tére
Avu nos joies èt nos misères.
An tréne sa tchéne ; anu ça n’rît m’.
Dju n’sans pu au bon tè d’la dîme !
Ouand an n’ bayout qu ‘in côp par an
Lu seul disième du s’vré rend ‘ment.
Dès l’tourbion d’ l’ènnaïe qu’a va,
An s’deumande bin qué qu’an z-è fât ?
Si dj’ ans pénèy an boune santèy
Nu r’grètans rin ; layant l’passèy.
Mès frères, cète annaïe-ci au moins
Lu monde ruvinrè-t-i humain ?
Èt arè-t-i co bin l’houneur
Du quèques djous d’ paix, lu travaïeur ?
L’pu sûr pou réussi sa vie
C’èst du ç’la fâre coume an l’envie.
Ratète lu moindre bounheur dès autes,
Aneû, c’èst bin la pire des fautes.
Dju vus souhaite, c’èst du grand coeur
Douze mois heûreûx, pou çu bonheur,
Dijéz a v’ leuvant tchèque matin,
En convaincus : « Tout va fôrt bin ››.

Traduction (Jean-Michel Hansen)

Bonne et heureuse

Encore une de plus. Encore une de moins
Comme l’eau sur la roue du moulin
Nos jours (s’é)coulent sur la sphère terrestre (boule de la terre)
Avec nos joies et nos misères.
On porte son fardeau (traîne sa chaîne) ; aujourd’hui ça ne rigole plus (rit pas).
Nous ne sommes plus au bon temps de la dîme !
Lorsqu’ on ne cédait (donnait) qu’une fois l’ an
Rien qu’un (le seul) dixième de ses gains (son vrai rendement).
Dans le tourbillon de l’année qui s’en va,
On se demande bien ce qu’on a fait ?
Si c’est en bonne santé que l’on a peiné (on a peiné en bonne santé)
Ne regrettons rien, laissons (le) passer.
Mes frères, cette année-ci au moins
Le monde redeviendra-t’il humain ?
Et reviendra-t’il au travailleur
L’honneur de quelques jours de paix ?
(Et aura-t’il encore bien l’honneur
De quelques jours de paix, le travailleur ?)

Le plus sûr pour réussir sa vie
C’est de la vivre à sa manière (se la faire comme on l’envie).
Attendre son bonheur d’autrui (le moindre bonheur des autres)
Aujourd’hui, c’est bien la pire des erreurs (fautes).
Je vous souhaite, c’est de grand cœur
Douze mois heureux. Pour ce bonheur,
Dites-vous (en vous levant) chaque matin,
En convaincus : « Tout va fort bien ››.

Version parue dans le publivire du 13/01/2021
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