À la fontîne

Auteur :

Julien Escarmelle (patois de Saint-Mard)

sources : texte patois : Publivire / traduction : JM Hansen

Quand les handîs sant niches, on fât
Enne boune buaïe et on sa va
À la fontîne
C’est souva qu’on fât la chawaïe
Les feumes y pass’rint des djournaïes
À la fontîne
Les gârces pou nous montrer qu’elles ant
Des bîs gros bras, elles sè r’troussant
À la fontîne
I faut les voir chawi zoux draps
Tapant su la plîtch’ à tour dè bras
À la fontîne
Tchaqueune doûvi sa margoulette
Ca les feumes sant des vraies gazettes
À la fontîne
Enne dit qu’la Marie des Otées
Ave s’n’houme n’fât qu’dé s’diputer
À la fontîne
Ine aut’ raconte qu’la grande Hortense
Aveu l’Emile est vouïe en France
À la fontîne
Comme ça tout tchacun è s’paquet
Des mentes, c’est à qui a dèret
À la fontîne
Gnè des bounes feumes, mâ gnè des wapes
Et pa des cows on n’a n’attrape
À la fontîne
Quand gnè n’dispute atterre deux feumes
L’enne su l’aute ell’s raïant les pleumes
À la fontîne
Pû tous les bîx mots y passant
D’niches rosses et d’treuïes ell’s sè traitant
À la fontîne
Nichté t’enne t’èmme co bin rwâti
Païe tes dettes et n’vin m’bacaï
À la fontîne
Des côws les djones houme y allant
Surtout quand les djones feïes y sant
À la fontîne
Elles y tchantant des belles romances
Causant dè l’amour, dè la danse
À la fontîne
Et pu d’enne, attere nous dj’vè l’dis
Bin souva s’est laï … rabrassi
À la fontîne
Allez-y si velez v’amuser
Des nouvelles dè tout’s soûrtes v’arez
À la fontîne

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(pour la traduction, j’ai tenté de respecter le rythme à défaut de la rime)

À la fontaine

Quand le linge est sale, on en fait
Le nettoyage et on le met
À la fontaine
C’est souvent qu’il faut lessiver
Les femmes y passeraient des journées
À la fontaine
Elles se relèvent les manches les garces
Pour exhiber leurs beaux gros bras,
À la fontaine
Il faut les voir battre leurs draps
Tapant la planche à tour de bras
À la fontaine
L’une comme l’autre à son tour caquette
Car les femmes sont de vraies gazettes
À la fontaine
Une dit que Marie des Otées
Et son mari s’sont disputés
À la fontaine
Une autre raconte qu’ la grande Hortense
A suivi l’Emile jusqu’ en France
À la fontaine
D’ Pierre Paul ou Jacques on s’tient au jus
C’est à qui mentira le plus
À la fontaine
D’aucunes sont braves d’autres des teignes
Même que parfois elles vous imprègnent
À la fontaine
Quand entre elles éclate une dispute
L’une et l’autre se volent dans les plumes
À la fontaine
Puis y passent tous les noms d’oiseaux
Sale rosse ou truie voilà du beau
À la fontaine
Saleté ne t’es-tu pas regardée
Paye tes dettes, ne viens pas hurler
À la fontaine
Certaines fois les jeunes hommes y vont
Surtout quand les jeunes filles y sont
À la fontaine
Elles y chantent de belles romances
Parlent d’amour, aussi de danse
À la fontaine
Et plus d’une, j’vous l’dis en secret,
Souvent s’est laissée …. embrasser
À la fontaine
Allez-y donc vous amuser
Bien des nouvelles vous apprendrez
À la fontaine

Version parue dans le publivire du 19/09/2019
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