Auteur :
Hélène HANCE-BURQUEL ( 1909 – 2000 Houdrigny)
source : Photo: Service du livre luxembourgeois / Texte :Publivire
A r’toûnant, l’ lundi t’t-au matin,
Avant d’adamer la buâye,
Les potches dès handîs d’ zoûs gamins,
Lès m’mans n’atint-m’ foût èchaurâyes …
Su la taule, s’èchamplint dès câyes,
A ! l ’cent varat qué sint frisquin,
Qui alout grossi les bans’tâyes,
Des trésoûrs dè zoûs vaurins!
Dès mastoques, dès boutons d’ brayète.
Dès tchniques, des beuyes, dès tchus d’ ficèle.
Dè la croûyes èt dès-aleumètes.
Don rigolusse, dès caraméles.
Asteûre, das lès potches dès-afants,
I gn-è pus d’qwa fâre ène mèchon
D’souv’nances èrloyîes d’ rose riban .
Adjeu, tchniques, toupîes, soldâts d’ plomb.
A l’eure dès djus èlectroniques,
D’ la télé, dès-ordinâteures, ,
L’oume don cwin è froumé boutique …
I vadout pourtant mout d’ bouneûr !
Note bî langadge arè l’ même soûrt,
Si maugré tout i n’ peut r’djiter.
Wardant-I’ au cwa, coume dès piyèces d’oûr,
Pou das note coeûr l’oyï tchanter !
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Billes, «beuyes», toupies et morceaux de ficelle.
En retournant, le lundi tout au matin,
Avant d’entamer la lessive’,
Les poches des vêtements de leurs gamins,
Les mamans n’étaient guère surprises …
Sur la table, s’éparpillaient des choses sans valeur,
Ah! cent «varats» quel bazar,
Qui allait grossir les mannes,
Des trésors de leurs vauriens !
Des piécettes, des boutons de braguette,
Des billes, «beuyes»(1) , des morceaux de ficelle.
De la craie et des allumettes.
De la réglisse, des caramels.
Maintenant, dans les poches des enfants
Il n’y a plus de quoi faire une moisson
De souvenirs reliés d’un ruban rose
Adieu, billes, toupies, soldats de plomb.
A l’heure des jeux électroniques,
De la télévision, des ordinateurs,
L’homme du coin a fermé boutique …
Il vendait pourtant beaucoup de bonheur !
Notre beau langage aura le même sort,
Si malgré tout il ne peut rebourgeonner.
Gardons-le à l’abri, comme des pièces d’or,
Pour dans notre cœur l’entendre chanter !
(1) Morceau de bois effilé.